Ursula von der Leyen veut créer un service de renseignement propre à l’UE
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, souhaite mettre en place un service de renseignement européen autonome, capable de centraliser et d’analyser les informations issues des services secrets des États membres. Cette initiative, révélée par le Financial Times, suscite déjà des réactions contrastées au sein de l’Union européenne, notamment au Parlement et parmi les eurodéputés du Parti populaire européen (PPE).
Une initiative qui divise les institutions européennes
Officiellement, ce nouveau service aurait pour objectif d’optimiser l’utilisation opérationnelle des données existantes, afin de renforcer la sécurité et la coopération au sein de l’UE. Mais plusieurs élus du PPE, dont François-Xavier Bellamy, Christophe Gomart et Nadine Morano, craignent que ce projet ne concentre trop de pouvoir entre les mains de la Commission et de sa présidente. Selon eux, il existe un risque réel de perte de souveraineté pour les États membres si Bruxelles venait à se substituer aux services nationaux de renseignement. Dans une question écrite relayée par le JDD, ils rappellent que la Commission européenne n’a pas de compétence exclusive ni partagée dans ce domaine et que la création d’un tel service pourrait constituer un « coup de force » institutionnel.
Des structures déjà existantes
Les eurodéputés mettent en avant le fait que l’Union européenne dispose déjà de dispositifs de coopération en matière de renseignement. Europol, Frontex, l’INTCEN et le club de Berne permettent aux agences nationales de collaborer et d’échanger des informations sans créer un nouvel organisme centralisé. Selon leurs détracteurs, ce projet serait donc redondant et pourrait fragiliser l’équilibre entre les États membres et les institutions européennes.
Vers une opposition des capitales
Deux sources proches du dossier indiquent au Financial Times que les gouvernements des États membres devraient s’opposer à la création de ce service, craignant un transfert excessif de compétences vers Bruxelles. Si Ursula von der Leyen voit dans ce projet un moyen de renforcer l’efficacité stratégique de l’UE face aux menaces transnationales, sa mise en œuvre nécessiterait de franches négociations et un consensus difficile à atteindre.
En résumé, l’initiative de la présidente de la Commission européenne ouvre un débat sur la souveraineté des États, l’efficacité des structures existantes et le rôle de Bruxelles dans le domaine du renseignement. Alors que la sécurité européenne devient un enjeu majeur, cette proposition illustre les tensions persistantes entre centralisation et autonomie nationale au sein de l’Union.
