Gaspillage alimentaire et vêtements jetables : l’Europe renforce ses règles

Le 10 septembre, 2025 dans la catégorie: Actualité, Union Européenne 

union européenneAprès plusieurs mois de débats, le Parlement européen a franchi un pas décisif en adoptant une loi visant à réduire les déchets alimentaires et textiles. Ce texte marque une nouvelle étape dans la volonté de l’Union de responsabiliser les producteurs et les consommateurs face aux excès de la société de consommation.

Des objectifs contraignants pour les États membres

Chaque année, un Européen jette en moyenne 130 kilos de nourriture et près de 15 kilos de vêtements. Face à ce constat alarmant, la nouvelle loi fixe des objectifs précis. D’ici 2030, les États devront réduire de 30 % les déchets alimentaires issus de la restauration, de la distribution et des ménages, ainsi que de 10 % ceux liés à l’industrie de transformation.

Initialement, le Parlement avait voté pour des réductions plus ambitieuses – 40 et 20 % –, mais un compromis avec la Commission et les gouvernements a abouti à des cibles moins strictes. Dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, de nombreux acteurs redoutaient des obligations jugées excessives et demandaient plutôt des mesures axées sur la sensibilisation. En effet, plus de la moitié du gaspillage alimentaire provient directement des foyers européens.

Afin d’atteindre ces objectifs, chaque pays pourra adapter sa stratégie. Mise en avant des fruits et légumes mal calibrés, clarification des étiquettes ou encore dons des invendus aux associations font partie des pistes encouragées par les eurodéputés. Néanmoins, le secteur agricole, pourtant à l’origine d’une part importante des pertes, échappe pour l’instant à des obligations chiffrées, ce qui suscite les critiques des ONG environnementales.

L’industrie textile dans le viseur

Grande nouveauté de ce texte : l’intégration du textile. Dans une logique de pollueur-payeur, les producteurs devront désormais assurer la collecte, le tri et le recyclage des vêtements usagés, tout en assumant les coûts financiers liés à cette gestion.

Chaque État décidera des modalités d’application, mais l’objectif est clair : limiter les excès d’une industrie extrêmement gourmande en ressources. La production textile, en effet, a un impact considérable sur l’environnement. La fabrication d’un t-shirt en coton requiert environ 2 700 litres d’eau, soit l’équivalent de la consommation d’eau potable d’une personne pendant deux ans et demi.

Shein, symbole d’un modèle contesté

De façon implicite, cette loi s’attaque au monde de la fast fashion, avec la plateforme chinoise Shein comme exemple principal. Avec des millions de produits vendus à bas prix, l’entreprise est régulièrement critiquée pour ses pratiques sociales et environnementales. La Commission européenne a d’ailleurs ouvert une enquête pour vérifier la conformité de ses ventes aux normes du marché intérieur.

Des limites au niveau de l’afflux massif de colis sont aussi au programme. Pour y parvenir, une taxe de deux euros par envoi pourrait être mise en place. En 2024 seulement, pas moins de 4,6 milliards de petits paquets ont franchi les frontières de l’Union européenne, dont 91 % provenaient de Chine. Avec cette nouvelle loi, l’Europe tente d’apporter une réponse concrète à deux fléaux : le gaspillage alimentaire et l’impact démesuré de la mode jetable. Une manière d’esquisser un modèle de consommation plus responsable.

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