L’Europe face au dilemme du conflit Israël-Iran : une médiation compromise

Le 21 juin, 2025 dans la catégorie: Actualité, France, L'europe dans le monde, Union Européenne 

union-europeenne-iranL’Union Européenne (UE) se trouve dans une situation à la fois délicate et complexe face à l’escalade du conflit entre Israël et l’Iran. Tandis que les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni – communément appelés les E3, des acteurs clés dans les négociations de l’accord nucléaire iranien de 2015 – tentent d’engager un dialogue avec leur homologue iranien à Genève, l’aptitude de l’UE à jouer un rôle de médiateur crédible est mise à rude épreuve par ses propres divisions internes.

Cette rencontre diplomatique, la première entre des officiels occidentaux et iraniens depuis les récentes frappes israéliennes sur l’Iran, revêt une importance capitale. Elle intervient à un moment où les pourparlers directs entre les États-Unis et l’Iran sont au point mort, soulignant l’urgence de trouver une voie de désescalade. Kaja Kallas, qui dirige la diplomatie européenne, a de nouveau souligné sa conviction que seule la voie diplomatique peut apporter une solution durable à la question du programme nucléaire iranien.

Cependant, cette volonté affichée de médiation se heurte à une réalité interne fragmentée. Les médias européens, comme Le Figaro, décrivent une Union Européenne « paralysée par ses divisions » et confinée au statut de « spectatrice sans pouvoir » au Moyen-Orient.  Les désaccords sont manifestes parmi les États membres : si une dizaine de pays ont exprimé leur soutien à Israël, d’autres se sont vivement irrités de l’initiative d’Ursula von der Leyen d’appeler le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, pour réaffirmer le « droit d’Israël à se défendre », particulièrement lorsque l’État hébreu est perçu comme l’agresseur initial. Ces divergences ne se limitent pas aux capitales nationales, elles traversent même les institutions européennes, où la ligne politique entre la présidente de l’exécutif et la haute représentante pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, n’est pas toujours alignée.

Ces dissensions internes limitent considérablement la capacité des Européens à s’affirmer dans une confrontation qui se déroule principalement entre Israël, l’Iran et les États-Unis. La position fluctuante et parfois contradictoire du président américain, Donald Trump – alternant entre menaces de soutien militaire à l’offensive israélienne, y compris des frappes sur des installations nucléaires, et l’acceptation de négociations avec l’Iran – ajoute une couche supplémentaire de complexité et rend la situation encore plus imprévisible pour les acteurs européens.

Les propos du chancelier allemand Friedrich Merz, affirmant qu’Israël « faisait le sale boulot à notre place » et exprimant son « plus grand respect pour l’armée et le gouvernement israéliens », ont provoqué une forte polémique. Ces commentaires sont non seulement perçus comme « de mauvais goût diplomatique », mais ils mettent aussi Berlin en porte-à-faux avec ses partenaires européens. Merz, en soutenant sans réserve la politique israélienne, est critiqué pour nuire à la position européenne qui prône le droit international, une position que l’Europe devrait défendre ardemment, surtout lorsqu’il s’agit de dénoncer la transgression de ce même droit par la Russie en Ukraine. Une telle attitude est d’autant plus paradoxale que l’Allemagne, aux côtés de la France et du Royaume-Uni, s’efforce de maintenir une voie diplomatique avec le ministre iranien des Affaires étrangères, soulignant la complexité et les contradictions qui minent les efforts européens de médiation.

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