L’UEM, une contrainte particulière concernant la politique macroéconomique ?

Le 17 décembre, 2013 dans la catégorie: UEM 

Les politiques conjoncturelles supposent l’utilisation de 2 politiques :

- La politique monétaire

- La politique budgétaire

Celles-ci peuvent être couplées pour former une politique économique mixte (en anglais policy-mix)

Nous allons voir que, dans le cadre de l’Union européenne, les politiques conjoncturelles oscillent entre règles et choix.

1. La politique monétaire : une politique de la règle

La zone euro est gouvernée par des règles et non par des choix du fait de l’absence d’institutions et de procédures politiques au sein desquelles des choix peuvent être décidés et contrôlés. La politique monétaire de l’Union européenne se trouve dans les mains de la BCE qui est un organisme indépendant au sein de l’Eurosystème. Les banques centrales nationales se trouvent dans un rapport de subordination à l’égard de la BCE, elles ne sont que les exécutantes de la politique monétaire. On trouve ainsi le Président et le Vice-président de la BCE qui se retrouvent dans les organes de décision er de mise en œuvre de la politique européenne : au Conseil des gouverneurs qui définit la politique monétaire et au Directoire qui décide de la mise en œuvre conformément aux directives fixées.

La politique monétaire dépend, pour la zone euro de la BCE dont l’objectif principal est la stabilité des prix : maintenir une inflation qui ne peut être supérieure à 2%. La BCE s’inspire des thèses monétaristes selon les quelles l’inflation est partout d’origine monétaire (Milton Friedman). La limitation de l’inflation s’effectue par le contrôle étroit de la masse monétaire. Les objectifs secondaires concernant l’emploi et la croissance ne peuvent être poursuivis qu’à la condition de ne pas empêcher la réalisation de l’objectif prioritaire.

La BCE mène une politique monétaire restrictive. Celle-ci a assez bien réussi à diminuer l’inflation dans la zone euro cependant, cette politique unique peut masquer des écarts d’inflation importants entre les pays. Ainsi, l’inflation espagnole est structurellement supérieure à l’inflation française ou Allemande.

On peut aussi remarquer qu’une politique unique n’est efficace qu’en cas de choc symétrique, c’est-à-dire un bouleversement qui affecte tous les pays de la zone : comme un ralentissement de la demande mondiale. Mais, en cas de choc asymétrique, c’est-à-dire ne touchant qu’un ou quelques pays de la zone, la politique trop globale de la BCE s’avère inefficace.

2. Une politique budgétaire très encadrée par des règles

La politique budgétaire est celle qui est, par essence du domaine du choix national : qui reste dans les mains des gouvernements. Cependant, au niveau européen, on s’aperçoit que, progressivement, la règle s’est imposée au choix. Il n’existe pas de fiscalité européenne et le budget européen n’est pas significatif : il ne dépasse guère les 1% du PIB et doit être à l’équilibre. Pourtant, la construction européenne s’est faite à partir d’une certaine mise sous tutelle de la politique budgétaire des pays de la zone euro.

Ainsi, la politique budgétaire demeure aux mains des gouvernements mais elle apparait strictement encadrée par le PSC (1997) et, à partir du 1er janvier 2013, par le pacte fiscal qui accroit la discipline budgétaire en demandant aux pays de maintenir leur « déficit budgétaire structurel » sous les 0.5% et prévoit un mécanisme automatique de correction (Document).

Le PSC est justifié par la crainte d’une fragilisation de l’ensemble de la zone euro due au comportement de « passager clandestin » que pourrait avoir un pays membre. Tel est le cas lorsqu’un pays membre adopte un déficit budgétaire trop important : ce dernier pourrait provoquer un « effet de débordement » qui se traduirait par une pression inflationniste  (du fait de l’augmentation de la demande de biens et de services) ainsi que des tensions à la hausse des taux d’intérêt (poussées par l’augmentation de la demande de financement). Finalement, cela pourrait se traduire par une perte possible de la valeur de l’euro. (Document 10)

Les pays de la zone euro doivent encore plus coordonner leurs politiques économiques.

3. Ce qui conduit à un policy-mix original

 

Avec l’euro, il est donc difficile d’établir un policy-mix soutenable et cohérent pour l’ensemble de la zone euro :

Le policy mix étant la  combinaison des politiques budgétaires et monétaires, il existe 4 combinaisons possibles.

 

Politique budgétaire/monétaire  relance rigueur
relance 1 2
rigueur 3 4

 

Avec l’euro, il n’y a qu’un seul niveau de taux d’intérêt pour toute la zone, alors que des situations économique des pays peuvent nécessiter des arbitrages (augmenter/baisser les taux) différents.

Exemple : Un Etat souhaite relancer la croissance : si la BCE mène une politique monétaire de rigueur et l’Etat une politique budgétaire de relance alors le pays risque de payer plus cher son emprunt.

 

Si les politiques monétaire et budgétaire sont expansionnistes alors le risque inflationniste augmente et risque de se propager à tous les autres pays membres car ils détiennent la même monnaie. Les effets de contagion sont probables.

 

Avec l’euro, il y a un risque de contagion car les pays sont interdépendants. Ainsi, un niveau de dette trop élevé dans un pays fragilise l’ensemble des Etats de la zone euro. En effet, l’endettement d’un Etat peut alourdir l’endettement des autres pays membres.

Ex : Grèce, les autres pays membres doivent soutenir financièrement le pays.

 

Ainsi, du fait de l’interdépendance des politiques budgétaire et monétaire, toute dérive budgétaire d’un Etat est couteuse pour l’ensemble des Etats qui partagent la même monnaie. Par conséquent, la politique budgétaire doit être coordonnée entre les pays de la zone.

Il est donc difficile d’avoir recours au déficit budgétaire (même si les Etats ne s’en privent pas) comme instrument de relance : les marges de manœuvre en termes de politique économique sont en fait limitées.

Auteur: A. Bouchara

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