L’Union européenne face à une crise profonde
L’Union européenne traverse une période critique marquée par une désindustrialisation accélérée et une instabilité politique croissante. Derrière les discours officiels, la réalité est celle d’un affaiblissement économique majeur, particulièrement visible dans les secteurs clés comme l’automobile, l’acier ou la chimie. Entre 2019 et 2023, un million d’emplois industriels ont disparu, frappant durement la France, l’Allemagne ainsi que les nations de l’Europe centrale et orientale, comme la Pologne et la République tchèque. Ces licenciements massifs sont les symptômes d’une absence de stratégie industrielle cohérente, au moment où les États-Unis et la Chine consolident leurs positions.
Une Europe divisée et sous influence militaire
La fragmentation interne de l’UE s’aggrave, accentuée par des crises politiques en France et en Allemagne. Cette recomposition des forces favorise les gouvernements les plus militaristes, notamment en Europe centrale, et amplifie les tensions géopolitiques. Le choix d’Emmanuel Macron de s’aligner sur ces pays sur les questions de sécurité reflète un glissement vers une Europe davantage militarisée.
La nomination de Kaja Kallas, partisane d’une politique de défense européenne renforcée et d’un rapprochement accru avec l’OTAN, illustre cette tendance. La création d’un commissaire à la Défense, position inédite depuis l’échec de la Communauté européenne de défense en 1954, témoigne du chemin emprunté : celui d’une UE armée et intégrée au sein des politiques de l’OTAN.
La gauche face à un choix crucial
Pour la gauche européenne, cette crise pose une question existentielle : accompagner ces évolutions, synonymes de reculs sociaux et démocratiques, ou proposer une véritable alternative axée sur la paix et la souveraineté populaire. Les politiques austéritaires imposées par les traités européens et le rôle central de la BCE sont remis en cause, mais la mise en œuvre d’une autre répartition des ressources reste un défi majeur. La perspective d’une « autonomie stratégique » européenne, souvent invoquée, ne pourra se concrétiser que par une rupture nette avec les logiques néolibérales et militaristes actuelles.
Dans ce contexte, la responsabilité de proposer un modèle alternatif, axé sur la coopération internationale, la justice sociale et la souveraineté économique, incombe à toutes les forces progressistes. L’avenir de l’Europe dépendra de la capacité à construire une Union où la paix, le progrès et la solidarité priment sur les intérêts militaristes et néolibéraux.