L’Albanie commence à négocier officiellement son adhésion à l’Union européenne.
Candidate depuis 2014, l’Albanie a ouvert le 15 octobre 2024 son premier chapitre de négociations d’adhésion à l’Union européenne à Luxembourg. Cet événement marque une étape significative dans le parcours européen du pays, en présence d’une délégation de l’UE et du commissaire européen à l’Élargissement, Olivér Várhelyi. Cependant, le chemin vers l’adhésion est semé d’embûches, notamment à cause du contexte politique intérieur tumultueux.
Des réformes cruciales à entreprendre
Lors de cette conférence d’adhésion, qui constitue la deuxième du genre depuis que l’Albanie est devenue candidate, Tirana doit s’engager à entreprendre des réformes cruciales. Ces réformes portent sur les acquis fondamentaux de l’UE, en particulier l’indépendance du pouvoir judiciaire, le contrôle financier et les règles d’attribution des marchés publics. Ce processus est essentiel pour garantir que l’Albanie répond aux critères d’adhésion, en matière de gouvernance et de respect des valeurs démocratiques.
L’Union européenne a regroupé les différents chapitres de négociations en six grandes thématiques, connues sous le nom de « clusters ». Le cluster portant sur les institutions démocratiques est généralement le premier à être ouvert, mais il est également l’un des derniers à être clôturé lors des négociations d’adhésion. Cette approche souligne l’importance accordée à la mise en place d’institutions solides et transparentes avant toute intégration.
Les préoccupations de Bruxelles
Malgré cette avancée, la Commission européenne reste préoccupée par la corruption au sein de l’État albanais. Dans son évaluation annuelle des progrès des pays candidats, publiée en novembre 2023, elle a souligné que des efforts supplémentaires étaient nécessaires pour lutter contre ce fléau. Le Premier ministre Edi Rama, au pouvoir depuis 2013, est un interlocuteur privilégié pour Bruxelles, notamment en raison de son soutien aux sanctions occidentales contre la Russie.
Rama a déclaré lors d’une interview que l’Albanie était déterminée à adhérer à l’UE et qu’elle s’efforcerait de mettre en œuvre rapidement les réformes nécessaires pour ne pas manquer cette opportunité. Il aspire à ce que le pays rejoigne l’UE d’ici 2030.
Tensions politiques internes
Cependant, ces négociations se déroulent dans un climat de tensions politiques croissantes. L’opposition accuse le gouvernement socialiste de Rama de manipulation du système judiciaire pour maintenir son emprise sur le pouvoir. Des manifestations ont eu lieu à Tirana, où des affrontements avec la police ont éclaté, illustrant le mécontentement populaire face à l’administration en place. L’arrestation récente d’un député de l’opposition pour « faux témoignages » a exacerbé les tensions.
Vers une intégration durable
La lutte contre la corruption demeure un défi majeur pour l’intégration de l’Albanie dans l’UE. Pour faciliter cette transition, l’exécutif européen a proposé un plan de croissance pour les Balkans occidentaux, comprenant un investissement de 6 milliards d’euros pour les sept pays candidats au cours des trois prochaines années. Ces fonds seront alloués une fois que l’Albanie aura mis en œuvre les réformes exigées par l’UE. Ce soutien financier pourrait jouer un rôle clé dans l’accompagnement de l’Albanie sur le chemin de l’intégration européenne.