Union Européenne : Virus de la solidarité
Pendant la crise du C-19, de véritables serpents de mer ont réapparu, tel celui de la dette communautaire. Étonnamment, cette fois, l’idée semble avoir pris racine, marquant le prototype de l’unité budgétaire européenne.
L’émission d’obligations d’État attire rarement les gens. Cependant, dans la crise des coronavirus, la possibilité pour les États membres de l’UE de partager la dette est devenue un sujet brûlant. Dans de nombreuses réunions virtuelles entre le chef de l’État et les ministres des finances, l’idée d’émettre des obligations conjointes par les pays de l’UE est devenue populaire.
Pour la première fois, ce thème est très important. Pour les pays nordiques, c’est un véritable tabou. Le gouvernement italien exige d’abord la consolidation de la dette, notamment en raison de la crise des coronavirus. Fin mars, Giuseppe Conte, le chef du gouvernement, et huit autres pays de la zone euro (dont la France) se sont réunis devant le Conseil européen pour proposer l’émission de «Corona Bonds».
Ce sera une institution européenne qui pourra emprunter de l’argent sur le marché pour financer des politiques publiques de lutte contre la pandémie. En mars, cette idée a fait l’objet d’un rejet clair et net de la part des pays d’Europe du Nord. Depuis, l’Allemagne et 4 pays baptisés les « 4 frugaux » (Autriche, Pays-Bas, Suède, Danemark) ont refusé de s’endetter conjointement aux pays à déficit public.
Crise unique
Cette histoire est peut-être terminée, tout comme il y a quelques années. Lors de la crise de la dette souveraine européenne en 2012, les pays nordiques ont carrément rejeté le concept des euro-obligations. Mais la crise sanitaire de Covid-19 est différente.
L’arrêt de l’économie a mis en relief les inégalités sociales et le manque de fondation politique d’une construction européenne uniquement économique et trop peu soucieuse de l’environnement.
Le duo franco-allemand semble avoir entendu l’alarme. Dans une annonce surprenante du 18 mai, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont proposé l’idée d’une plus grande unité entre les nations. Leur plan de 500 milliards d’euros était en effet basé sur les prêts obligataires de la Commission européenne, qui partageraient des fonds aux pays membres. Il n’est nullement mentionné Corona bond ou euro bond pour éviter de froisser qui que ce soit, mais il mentionne la dette générale.
Il s’agit d’un grand pas en avant pour l’Europe. La chancelière allemande a brisé le tabou de la consolidation de dettes, qui jusque-là avait été l’épouvantail de ses alliés politiques stricts. Plusieurs dirigeants politiques ont salué le plan franco-allemand, comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et même la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde.