Ce qu’il faut savoir sur l’autorisation européenne des « méga-camion»
Le Parlement européen a récemment voté en faveur d’une résolution ouvrant la voie à la circulation de «méga-camions » à travers l’UE, suscitant des inquiétudes quant à leur impact environnemental et sur les routes du continent.
Cette résolution permet aux « méga-camions », déjà autorisés depuis des années dans plusieurs pays comme la Suède, les Pays-Bas et l’Allemagne, de circuler plus librement. Ces véhicules, également connus sous les noms de « mega-truck », « gigaliner » ou « écocombi », se distinguent par leur taille XXL par rapport aux camions classiques. Alors que la loi française limite actuellement la taille des poids lourds à 18,75 mètres, avec un poids maximum de 44 tonnes, les « mégatrucks » peuvent atteindre des longueurs allant jusqu’à 25,25 mètres et transporter jusqu’à 60 tonnes de marchandises, en grande partie grâce à deux remorques embarquées.
Cédric Philibert, chercheur associé au centre énergie et climat de l’Ifri, explique que ces méga-camions sont courants dans des pays comme l’Australie en raison de leur faible densité de population et de leurs grandes distances à parcourir pour transporter des marchandises. Dans ces pays, il est logique d’utiliser ces « méga-camions » presque comme des trains roulants, car ils n’ont pas de trains du tout, et la construction d’une ligne de chemin de fer entre Brisbane et Perth, par exemple, serait une entreprise colossale.
Le débat sur les « méga-camions » dans l’UE n’est pas nouveau, certains pays les autorisant déjà depuis 2013. La révision adoptée par le Parlement européen concerne notamment les conditions de circulation transfrontalières de ces camions. Cette décision ne force cependant pas tous les États membres de l’UE à autoriser la circulation des « méga-camions » sur leur territoire. Après le vote, la France a réaffirmé son refus d’une libéralisation de la circulation internationale des camions de 44 tonnes et des « mégatrucks ».
La révision adoptée le 12 mars n’est pas la dernière étape du processus législatif. Les États membres se réuniront lors d’un Conseil européen en juin pour adopter une position nationale sur le sujet. Outre l’impact écologique des « gigaliners », leur place sur les routes européennes soulève une question. Ces camions XXL sont conçus pour circuler sur les autoroutes, mais leur utilisation en dehors des axes routiers principaux pourrait poser des problèmes.
En autorisant les « méga-camions », dans un pays comme la France pourrait rapidement être confrontée à des problèmes d’infrastructures pour le déplacement de ces véhicules imposants. Le pays compte notamment près de 43 000 ronds-points, dont certains pourraient être trop petits pour le passage de camions de 25 mètres. De manière plus générale, les « gigaliners » pourraient endommager plus rapidement les infrastructures routières. Au total, l’entretien des infrastructures routières pourrait coûter 1,15 milliard d’euros supplémentaires par an aux États membres où circuleraient les « méga-camions ».