Intégration régionale de l’UE

Le 11 mai, 2013 dans la catégorie: L'europe dans le monde, Union Européenne 

Citons la définition de François Perroux (L’économie du XXe siècle) : « L’acte d’intégrer rassemble des éléments pour former un tout, ou bien il augmente la cohérence d’un tout déjà existant »

L’économiste hongrois Bela Balassa a proposé en 1961 un schéma d’intégration régionale. On entend par intégration régionale un mouvement de rapprochement économique, politique et/ou social engageant différents pays partenaires. On peut décrire les différents niveaux d’intégration de la manière suivante :

L’intégration régionale peut prendre plusieurs formes, allant de la simple zone de libre-échange à la constitution d’une union politique, en passant l’union douanière ou l’élaboration d’un marché commun.

  • Union économique : Marché commun + politique économique commune
  • Marché commun : Union douanière + Libre circulation des capitaux et des personnes
  • Union douanière : Zone de libre-échange
  • +Tarif douanier commun vis-à-vis des pays tiers
  • Zone de libre-échange :
  • Les pays membres éliminent entre eux les obstacles aux échanges de biens (droits de douane…)
  • Union douanière : suppression des barrières douanières et instauration d’un tarif extérieur commun
  • Zone de libre-échange : suppression des barrières douanières entre les pays membres
  • Union économique et monétaire : union économique plus mise en place d’une monnaie unique

Toutes les étapes successives franchies par les pays membres de l’UE correspondent aux étapes décrites par Béla Balassa : zone de libre-échange (traité de Rome, 1957), union douanière, marché commun (acte unique européen, 1986), union économique, union économique et monétaire (mise en place de l’euro, 1999). Même si la construction européenne n’est pas exactement calquée sur le schéma d’intégration économique proposé par Balassa, toutes les étapes qu’il décrit ont été franchies par les pays membres de l’UE, pour en faire un exemple et la zone d’intégration régionale la plus aboutie jusqu’à aujourd’hui.

Mondialisation et régionalisation peuvent donc apparaître, à certains égards, comme contradictoires. Tel n’est pas nécessairement le cas cependant. Ainsi, le degré d’ouverture croissant des économies rend possible l’essor simultané des échanges intra et extrarégionaux ; de même le surcroît de dynamisme économique attendu de tels processus d’intégration régionale est-il susceptible de compenser les pertes, pour les pays tiers, auxquelles toute intégration régionale semble initialement devoir conduire, du fait de l’intensification des échanges entre pays partenaires (« détournements de trafic »). Au demeurant, la constitution de blocs régionaux a été reconnue, dans le cadre des accords du GATT puis de l’OMC, comme une démarche légitime dès lors que de telles initiatives ne s’accompagnent pas de mesures visant à pénaliser les pays tiers (les accords régionaux sont d’ailleurs considérés comme des cas d’exceptions légitimes aux grands principes fondateurs du GATT ou de l’OMC). De fait, les mouvements d’intégration régionale n’ont pas été généralement conçus comme des tentatives visant à établir un protectionnisme à l’égard des pays tiers, mais plutôt comme des projets témoignant la volonté, pour différents Etats partenaires, d’aller plus loin sur la voie du libre-échange. Cet objectif s’avère être d’ailleurs, parfois, une étape préalable dans le cadre d’un processus d’intégration plus ambitieux.

Au rang des projets d’intégration régionale les plus modestes, on peut citer ici l’AELE (Association Européenne de Libre-Echange, regroupant aujourd’hui quelques pays européens n’ayant toujours pas adhéré à l’UE : Islande, Lichtenstein, Norvège, Suisse), l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain, impliquant le Canada, les EU et le Mexique), le Mercosur (« Mercado comun del sur », regroupant l’ Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay) ou encore l’ ANSEA (Association des Nations du Sud-Est Asiatique, rassemblant la Birmanie, le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Viêt-Nam). Plus récemment, c’est en faisant référence à la construction européenne que le président du Brésil, Lula da Silva, proposait dès 2003 un projet d’intégration latino américaine qui devait déboucher sur une monnaie commune, une citoyenneté commune et un parlement commun. Cela a conduit à l’entrée en vigueur de l’Union des nations sud américaines en mars 2011.

Cependant, si l’on doit évoquer un projet ambitieux, la construction européenne s’impose incontestablement à l’esprit.

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