Niger : Niger : Pourquoi l’Union Européenne s’inquiète de l’abrogation de la loi contre le trafic de migrants

Le 15 décembre, 2023 dans la catégorie: Actualité, Union Européenne 

ueLa dictature militaire en place au Niger a révoqué une loi interdisant le trafic de migrants depuis 2015, suscitant la déception immédiate de l’Union européenne. Bien que cette décision puisse accroître les flux migratoires vers l’Europe, elle aurait potentiellement stimulé l’économie locale à Agadez.

Depuis le 26 novembre, les passeurs de migrants ne sont plus considérés comme des criminels au Niger, une mesure accueillie avec enthousiasme par les habitants d’Agadez, selon Sidi Mamadou, ancien passeur et militant pour l’immigration légale. Elle a exprimé sa satisfaction en déclarant son intention de reprendre le transport de migrants.

La junte militaire a annoncé cette décision le 27 novembre à la télévision, prenant de court la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson. En réaction, elle a commandé une conférence internationale contre le trafic de migrants à Bruxelles dès le lendemain, exprimant sa préoccupation quant au risque accru de décès dans le désert et aux déplacements vers la Libye avec l’intention de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Union européenne.

Agadez demeure une ville de transit pour les migrants d’Afrique de l’Ouest et centrale, malgré une activité touristique en déclin en raison de la présence de groupes terroristes. Sidi Mamadou a souligné que l’immigration n’est pas un trafic, mais une économie générant des revenus substantiels.

Suite à la crise migratoire de 2015, l’Union européenne a pris des mesures lors du sommet sur la migration de La Valette, à Malte en novembre 2015, faisant du Niger l’un de ses principaux partenaires pour lutter contre l’immigration clandestine. Bruxelles s’est engagé à financer environ 7 000 acteurs de la migration dans la région pour compenser l’interdiction du trafic de migrants. Malgré une manifestation des passeurs d’Agadez avec leur syndicat, aucun résultat significatif n’a été obtenu.

En 2015, la loi 2015-36 a été promulguée, entraînant l’incarcération de dizaines de passeurs ou leur condamnation à des amendes comprises entre 3 et 30 millions de francs CFA. Le président du conseil régional d’Agadez a raconté que leur activité a été déclarée illégale et criminelle du jour au lendemain.

L’UE a honoré sa promesse en finançant des programmes de reconversion au Niger, débloquant 3,5 millions d’euros en 2017 pour atténuer les conséquences de la réduction des flux de migration irrégulière sur l’économie locale dans la région d’Agadez. Cependant, Mohamed Anacko a souligné que huit ans plus tard, le programme n’a bénéficié qu’à 300 personnes, précisant que ces aides ne sont pas destinées aux passeurs ou aux transporteurs, étant donné la nature criminelle de leurs activités antérieures.

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